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L'Ostendaise |
Une Ostendaise
Pleure sur sa chaise
Le chat soupèse
Son poids d'amour
Dans le silence
Son chagrin danse
Et les vieux pensent
Chacun son tour
A la cuisine
Quelques voisines
Parlent de Chine
Et d'un retour
A Singapour
Une Javanaise
Devient belle-sœur
De l'Ostendaise
Il y a deux sortes de temps
Y a le temps qui attend
Et le temps qui espère
Il y a deux sortes de gens
Il y a les vivants
Et ceux qui sont en mer
Notre Ostendaise
Que rien n'apaise
De chaise en chaise
Va sa blessure
Quelques commères
Quelques compères
Battent le fer
De sa brisure
Son capitaine
Sous sa bedaine
De bière pleine
Bat le tambour
Homme de voiles
Homme d'étoiles
Il prend l'escale
Pour un détour
Il y a deux sortes de temps
Il y a le temps qui attend
Et le temps qui espère
Il y a deux sortes de gens
Il y a les vivants
Et ceux qui sont en mer
Notre Ostendaise
Au temps des fraises
Devient maîtresse
D'un pharmacien
Son capitaine
Mort sous bedaine
Joue les baleines
Les sous-marins
Pourquoi ma douce
Moi le faux mousse
Que le temps pousse
T'écrire de loin
C'est que je t'aime
Et tant je t'aime
Qu'ai peur, ma reine
D'un pharmacien
Il y a deux sortes de temps
Il y a le temps qui attend
Et le temps qui espère
Il y a deux sortes de gens
Il y a les vivants
Et moi je suis en mer
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Je Suis Un Soir D'été |
Et la sous-préfecture fête la sous-préfète
Sous le lustre à facettes il pleut des orangeades
Et des champagnes tièdes, et les propos glacés
Des femelles maussades de fonctionnarisés
Je suis un soir d'été
Aux fenêtres ouvertes, les dîneurs familiaux
Repoussent leurs assiettes et disent qu'il fait chaud
Les hommes lancent des rots de chevaliers teutons
Les nappes tombent en miettes par-dessus les balcons
Je suis un soir d'été
Aux terrasses brouillées quelques buveurs humides
Parlent de haridelles et de vieilles perfides
C'est l'heure où les bretelles soutiennent le présent
Des passants répandus et des alcoolisants
Je suis un soir d'été
De lourdes amoureuses aux odeurs de cuisine
Promènent leur poitrine sur les flancs de la Meuse
Ils leur manquent un soldat pour que l'été ripaille
Et monte vaille que vaille jusqu'en haut de leurs bas
Je suis un soir d'été
Aux fontaines les vieux bardés de références
Rebroussent leur enfance à petits pas pluvieux
Ils rient de toute une dent pour croquer le silence
Autour des filles qui dansent à la mort d'un printemps
Je suis un soir d'été
La chaleur se vertèbre, il fleuve des ivresses
L'été a ses grand-messes et la nuit les célèbre
La ville aux quatre vents clignote le remords
Inutile et passant de n'être pas un port
Je suis un soir d'été
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Un Enfant |
Un enfant
Ça vous décroche un rêve
Ça le porte à ses lèvres
Et ça part en chantant
Un enfant
Avec un peu de chance
Ça entend le silence
Et ça pleure des diamants
Et ça rit à n'en savoir que faire
Et ça pleure en nous voyant pleurer
Ça s'endort de l'or sous les paupières
Et ça dort pour mieux nous faire rêver
Un enfant
Ça écoute le merle
Qui dépose ses perles
Sur la portée du vent
Un enfant
C'est le dernier poète
D'un monde qui s'entête
À vouloir devenir grand
Et ça demande si les nuages ont des ailes
Et ça s'inquiète d'une neige tombée
Et ça s'endort de l'or sous les paupières
Et ça se doute qu'il n'y a plus de fées
Mais un enfant
Et nous fuyons l'enfance
Un enfant
Et nous voilà passants
Un enfant
Et nous voilà patience
Un enfant
Et nous voilà passés
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Comment Tuer L'amant De Sa Femme Quand On A Eté Elevé Comme Moi Dans La Tradition |
Comment tuer l'amant de sa femme
Quand on a été comme moi élevé
Dans les traditions
Comment tuer l'amant de sa femme
Quand on a été comme moi élevé
Dans la religion
Il me faudrait du temps
Et du temps j'en ai pas
Pour elle je travaille tout l'temps
La nuit je veille de nuit
Le jour je veille de jour
Le dimanche je fais des extras
Et même si j'étais moins lâche
Je touve que ce serait dommage
De salir ma réputation
Bien sûr je dors dans le garage
Bien sûr ils dorment dans mon lit
Bien sûr c'est moi qui fait l'ménage
Mais qui n'a pas ses p'tits soucis?
Comment tuer l'amant de sa femme
Quand on a été comme moi élevé
Dans les traditions
Il y a l'arsenic ouais
C'est trop long
Il y a le révolver
Mais c'est trop court
Il y a l'amitié
C'est trop cher
Il y a le mépris
C'est un péché
Comment tuer l'amant d'sa femme
Quand on a reçu comme moi
La croix d'honneur
Chez les bonnes sœurs
Comment tuer l'amant d'sa femme
Moi qui n'ose même pas
Le lui dire avec des fleurs
Comme je n'ai pas l'courage
De l'insulter tout l'temps
Il dit que l'amour me rend lâche
Comme il est en chômage
Il dit en me frappant
Que l'amour le rend imprévoyant
Il croit que c'est amusant
Pour un homme qui a mon âge
Qui n'a plus de femme et 11 enfants
Bien sûr je leur fais la cuisine
Je bats les chiens et les tapis
Le soir je leur chante "Nuit de Chine"
Mais qui n'a pas ses p'tits soucis
Pourquoi tuer l'amant d'sa femme
Puisque c'est à cause de moi
Qu'il est un peu vérolé
Pourquoi tuer l'amant d'ma femme
Puisque c'est à cause de moi
Qu'il est péniciliné
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Vesoul |
T'as voulu voir Vierzon, et on a vu Vierzon
T'as voulu voir Vesoul, et on a vu Vesoul
T'as voulu voir Honfleur, et on a vu Honfleur
T'as voulu voir Hambourg, et on a vu Hambourg
J'ai voulu voir Anvers, on a revu Hambourg
J'ai voulu voir ta sœur, et on a vu ta mère
Comme toujours
T'as plus aimé Vierzon, on a quitté Vierzon
T'as plus aimé Vesoul, on a quitté Vesoul
T'as plus aimé Honfleur, on a quitté Honfleur
T'as plus aimé Hambourg, on a quitté Hambourg
T'as voulu voir Anvers, on n'a vu qu'ses faubourgs
T'as plus aimé ta mère, on a quitté ta sœur
Comme toujours
Mais je te le dis, je n'irai pas plus loin
Mais je te préviens, j'irai pas à Paris
D'ailleurs, j'ai horreur de tous les flonflons
De la valse musette et de l'accordéon
T'as voulu voir Paris, et on a vu Paris
T'as voulu voir Dutronc, et on a vu Dutronc
J'ai voulu voir ta sœur, j'ai vu le Mont Valérien
T'as voulu voir Hortense, elle était dans le Cantal
J'ai voulu voir Byzance, et on a vu Pigalle
À la gare Saint-Lazare, j'ai vu les Fleurs du Mal
Par hasard
T'as plus aimé Paris, on a quitté Paris
T'as plus aimé Dutronc, on a quitté Dutronc
Maintenant, j'confonds ta sœur et le Mont Valérien
De c'que je sais d'Hortense, j'irai plus dans le Cantal
Et tant pis pour Byzance, puisque j'ai vu Pigalle
Et la gare Saint-Lazare, c'est cher, et ça fait mal
Au hasard
Mais je te le redis (chauffe, Marcel, chauffe)
Je n'irai pas plus loin
Mais je te préviens (caille, caille, caille)
Le voyage est fini
D'ailleurs, j'ai horreur de tous les flonflons
De la valse musette et de l'accordéon
T'as voulu voir Vierzon, et on a vu Vierzon
T'as voulu voir Vesoul, et on a vu Vesoul
T'as voulu voir Honfleur, et on a vu Honfleur
T'as voulu voir Hambourg, et on a vu Hambourg
J'ai voulu voir Anvers, et on a revu Hambourg
J'ai voulu voir ta sœur, et on a vu ta mère
Comme toujours
T'as plus aimé Vierzon, on a quitté Vierzon (chauffe, chauffe, chauffe)
T'as plus aimé Vesoul, on a quitté Vesoul
T'as plus aimé Honfleur, on a quitté Honfleur
T'as plus aimé Hambourg, on a quitté Hambourg
T'as voulu voir Anvers, on n'a vu qu'ses faubourgs
T'as plus aimé ta mère, on a quitté sa sœur
Comme toujours (chauffez les gars)
Mais je te le re-redis (caille)
Je n'irai pas plus loin
Mais je te préviens, j'irai pas à Paris
D'ailleurs, j'ai horreur de tous les flonflons
De la valse musette et de l'accordéon
T'as voulu voir Paris, et on a vu Paris
T'as voulu voir Dutronc, et on a vu Dutronc
J'ai voulu voir ta sœur, j'ai vu le Mont Valérien
T'as voulu voir Hortense, elle était dans le Cantal
Je voulais voir Byzance, et on a vu Pigalle
Gare Saint-Lazare, j'ai vu les Fleurs du Mal
Par hasard
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J'arrive |
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
Nos amitiés sont en partance
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
La mort potence nos dulcinées
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
Les autres fleurs font ce qu'elles peuvent
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
Les hommes pleurent, les femmes pleuvent
J'arrive, j'arrive
Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé
Encore une fois traîner mes os
Jusqu'au soleil, jusqu'à l'été
Jusqu'au printemps, jusqu'à demain
J'arrive, j'arrive
Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé
Encore une fois voir si le fleuve est encore fleuve
Voir si le port est encore port
M'y voir encore
J'arrive, j'arrive
Mais pourquoi moi, pourquoi maintenant
Pourquoi déjà et où aller
J'arrive bien sûr, j'arrive
Mais ai-je jamais rien fait d'autre qu'arriver
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
À chaque fois plus solitaire
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
À chaque fois surnuméraire
J'arrive, j'arrive
Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé
Encore une fois prendre un amour
Comme on prend le train pour plus être seul
Pour être ailleurs, pour être bien
J'arrive, j'arrive
Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé
Encore une fois remplir d'étoiles
Un corps qui tremble et tomber mort
Brûlé d'amour, le cœur en cendres
J'arrive, j'arrive
C'est même pas toi qui es en avance
C'est déjà moi qui suis en retard
J'arrive, bien sûr j'arrive
Mais ai-je jamais rien fait d'autre qu'arriver
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La Bière |
Ça sent la bière de Londres à Berlin
Ça sent la bière, Dieu qu'on est bien
Ça sent la bière de Londres à Berlin
Ça sent la bière, donne-moi la main
C'est plein d'Uilenspieghel
Et de ses cousins et d'arrière-cousins de Breughel l'Ancien
C'est plein de vent du nord qui mord comme un chien
Le porc qui dort le ventre plein
Ça sent la bière de Londres à Berlin
Ça sent la bière, Dieu qu'on est bien
Ça sent la bière de Londres à Berlin
Ça sent la bière, donne-moi la main
C'est plein de verres pleins
Qui vont à kermesse comme vont à messe vieilles au matin
C'est plein de jours morts et d'amours gelés
Chez nous y a que l'été que les filles aient un corps
Ça sent la bière de Londres à Berlin
Ça sent la bière, Dieu qu'on est bien
Ça sent la bière de Londres à Berlin
Ça sent la bière, donne-moi la main
C'est plein de finissants qui soignent leurs souvenirs
En mouillant de rires leurs poiluchons blancs
C'est plein de débutants qui soignent leur vérole
Qui soignent leur vérole en caracolant de Prosit en Skoll
Ça sent la bière de Londres à Berlin
Ça sent la bière, Dieu qu'on est bien
Ça sent la bière de Londres à Berlin
Ça sent la bière, donne-moi la main
C'est plein de "Godferdom"
C'est plein d'Amsterdam
C'est plein de mains d'hommes aux croupes des femmes
C'est plein de mèmères qui ont depuis toujours
Un sein pour la bière, un sein pour l'amour
Ça sent la bière de Londres à Berlin
Ça sent la bière, Dieu qu'on est bien
Ça sent la bière de Londres à Berlin
Ça sent la bière, donne-moi la main
C'est plein d'horizons à vous rendre fous
Mais l'alcool est blond et le diable est à nous
Les gens sans Espagne ont besoin des deux
On fait des montagnes avec ce qu'on peut
Ça sent la bière de Londres à Berlin
Ça sent la bière, donne-moi la main
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L'éclusier |
Les mariniers
Me voient vieillir
Je vois vieillir
Les mariniers
On joue au jeu
Des imbéciles
Où l'immobile
Est le plus vieux
Dans mon métier
Même en été
Faut voyager
Les yeux fermés.
Ce n'est pas rien d'être éclusier
Les mariniers
Savent ma trogne
Ils me plaisantent
Et ils ont tort
Moitié sorcier
Moitié ivrogne
Je jette un sort
À tout c'qui chante
Dans mon métier
C'est en automne
Qu'on cueille les pommes
Et les noyés
Ce n'est pas rien d'être éclusier
Dans son panier
Un enfant louche
Pour voir la mouche
Qui est sur son nez
Maman ronronne
Le temps soupire
Le chou transpire
Le feu ronchonne
Dans mon métier
C'est en hiver
Qu'on pense au père
Qui s'est noyé
Ce n'est pas rien d'être éclusier
Vers le printemps
Les marinières
M'font des manières
De leur chaland
J'aimerais leur jeu
Sans cette guerre
Qui m'a un peu
Trop abîmé
Dans mon métier
C'est au printemps
Qu'on prend le temps
De se noyer
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Regarde Bien Petit |
Regarde bien, petit, regarde bien sur la plaine là-bas
À hauteur des roseaux, entre ciel et moulin
Y'a un homme qui vient, que je ne connais pas
Regarde bien, petit, regarde bien
Est-ce un lointain voisin, un voyageur perdu
Un revenant de guerre, un montreur de dentelles ?
Est-ce un abbé porteur
De ces fausses nouvelles qui aident à vieillir ?
Est-ce mon frère qui vient
Me dire qu'il est temps d'un peu moins nous haïr ?
Ou n'est-ce que le vent qui gonfle un peu le sable
Et forme des mirages pour nous passer le temps ?
Regarde bien, petit, regarde bien, sur la plaine là-bas
À hauteur des roseaux, entre ciel et moulin
Y'a un homme qui vient, que je ne connais pas
Regarde bien, petit, regarde bien
Ce n'est pas un voisin, son cheval est trop fier
Pour être de ce coin, pour revenir de guerre
Ce n'est pas un abbé, son cheval est trop pauvre pour être paroissien
Ce n'est pas un marchand, son cheval est trop clair
Son habit est trop blanc et aucun voyageur
N'a plus passé le pont depuis la mort du père, ni ne sait nos prénoms
Regarde bien, petit, regarde bien, sur la plaine là-bas
À hauteur des roseaux, entre ciel et moulin
Y'a un homme qui vient, que je ne connais pas
Regarde bien, petit, regarde bien
Non, ce n'est pas mon frère, son cheval aurait bu
Non, ce n'est pas mon frère, il ne l'oserait plus
Il n'est plus rien ici qui puisse le servir, non, ce n'est pas mon frère
Mon frère a pu mourir, cette ombre de midi
Aurait plus de tourments s'il s'agissait de lui
Allons, c'est bien le vent qui gonfle un peu le sable
Pour nous passer le temps
Regarde bien, petit, regarde bien, sur la plaine là-bas
À hauteur des roseaux, entre ciel et moulin
Y'a un homme qui part, que nous ne saurons pas
Regarde bien, petit, regarde bien
Il faut sécher tes larmes, y'a un homme qui part
Que nous ne saurons pas, tu peux ranger les armes.
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L'enfance |
L'enfance
Qui peut nous dire quand ça finit
Qui peut nous dire quand ça commence
C'est rien avec de l'imprudence
C'est tout ce qui n'est pas écrit
L'enfance
Qui nous empêche de la vivre
De la revivre infiniment
De vivre à remonter le temps
De déchirer la fin du livre
L'enfance
Qui se dépose sur nos rides
Pour faire de nous de vieux enfants
Nous revoilà jeunes amants
Le cœur est plein la tête est vide
L'enfance l'enfance
L'enfance
C'est encore le droit de rêver
Et le droit de rêver encore
Mon père était un chercheur d'or
L'ennui c'est qu'il en a trouvé
L'enfance
Il est midi tous les quarts d'heure
Il est jeudi tous les matins
Les adultes sont déserteurs
Tous les bourgeois sont des Indiens
L'enfance
L'enfance
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La Quête |
Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d'une possible fièvre
Partir où personne ne part
Aimer jusqu'à la déchirure
Aimer, même trop, même mal
Tenter, sans force et sans armure
D'atteindre l'inaccessible étoile
Telle est ma quête
Suivre l'étoile
Peu m'importent mes chances
Peu m'importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
Sans questions ni repos
Se damner
Pour l'or d'un mot d'amour
Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon cœur serait tranquille
Et les villes s'éclabousseraient de bleu
Parce qu'un malheureux
Brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé
Brûle encore, même trop, même mal
Pour atteindre à s'en écarteler
Pour atteindre l'inaccessible étoile
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