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Famille |
Et crever le silence
Quand c'est à toi que je pense
Je suis loin de tes mains
Loin de toi, loin des tiens
Mais tout ça n'a pas d'importance
J'connais pas ta maison
Ni ta ville, ni ton nom
Pauvre riche ou bâtard
Blanc, tout noir ou bizarre
Je reconnais ton regard
Et tu cherches une image
Et tu cherches un endroit
Où je dérive parfois
Tu es de ma famille
De mon ordre et de mon rang
Celle que j'ai choisie
Celle que je ressens
Dans cette armée de simples gens
Tu es de ma famille
Bien plus que celle du sang
Des poignées de secondes
Dans cet étrange monde
Qu'il te protège s'il entend
Tu sais pas bien où tu vas
Ni bien comment, ni pourquoi
Tu crois pas à grand chose
Ni tout gris ni tout rose
Mais ce que tu crois c'est à toi
T'es du parti des perdants
Consciemment, viscéralement
Et tu regardes en bas
Mais tu tomberas pas
Tant qu'on aura besoin de toi
Et tu prends les bonheurs
Comme grains de raisin
Petits bouts de petits rien
Tu es de ma famille
De mon ordre et de mon rang
Celle que j'ai choisie
Celle que je ressens
Dans cette armée de simples gens
Tu es de ma famille
Bien plus que celle du sang
Des poignées de secondes
Dans cet étrange monde
Qu'il te protège s'il entend
Tu es de ma famille, tu es de ma famille
Du même rang, du même vent
Tu es de ma famille, tu es de ma famille
Même habitant du même temps
Tu es de ma famille, tu es de ma famille
Croisons nos vies de temps en temps
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Entre gris clair et gris foncé |
Décolorés, les messages du ciel
Les évidences, déteintes au soleil
Fané, le rouge sang des enfers
L'Éden, un peu moins pur, un peu moins clair
Souillé, taché, le blanc des étendards
Brûlé le vert entêtant de l'espoir
La sérénité des gens qui croient
Ce repos d'âme qui donnait la foi
Organisés, les chemins bien fléchés
Largués, les idoles et grands timoniers
Les slogans qu'on hurle à pleins poumons
Sans l'ombre, l'ombre d'une hésitation
Télévisées, les plus belles histoires
Ternis, les gentils, troublants, les méchants
Les diables ne sont plus vraiment noirs
Ni les blancs absolument innocents
Oubliées, oubliées
Délavées, nos sages années, programmées
Entre gris clair et gris foncé
Scénarisées, les histoires d'amour
Tous les "jamais", les "juré", les "toujours"
Longue et semée d'embûches est la route
Du sacré sondage et du taux d'écoute
Psychiatrisées, l'amitié des romans
Celle des serments, des frères de sang
Les belles haines qui brûlaient le cœur
Contrôlées à travers un pacemaker
Oubliées, oubliées
Délavées, nos sages années, programmées
Entre gris clair et gris foncé
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C'est ta chance |
Il faudra que tu sois douce
Et solitaire aussi
Il te faudra gagner pouce à pouce
Les oublis de la vie
Oh, tu seras jamais la reine du bal
Vers qui se tournent les yeux éblouis
Pour que tu sois belle, il faudra que tu le deviennes
Puisque tu n'es pas née jolie
Il faudra que tu apprennes
À perdre, à encaisser
Tout ce que le sort ne t'a pas donné
Tu le prendras toi-même
Oh, rien ne sera jamais facile
Il y aura des moments maudits
Oui, mais chaque victoire ne sera que la tienne
Et toi seule en sauras le prix
C'est ta chance, le cadeau de ta naissance
Y'a tant d'envies, tant de rêves qui naissent d'une vraie souffrance
Qui te lance et te soutient
C'est ta chance, ton appétit, ton essence
La blessure où tu viendras puiser la force et l'impertinence
Qui t'avancent un peu plus loin
Toi, t'es pas très catholique
Et t'as une drôle de peau
Chez toi, les fées soi-disant magiques
Ont loupé ton berceau
Oh, tu seras jamais notaire
Pas de privilège hérité
Et si t'as pas les papiers pour être fonctionnaire
Tout seul, apprends à fonctionner
C'est ta chance, ta force, ta dissonance
Faudra remplacer tous les "pas de chance" par de l'intelligence
C'est ta chance, pas le choix
C'est ta chance, ta source, ta dissidence
Toujours prouver deux fois plus que les autres assoupis d'evidence
Ta puissance naîtra là
C'est ta chance, le cadeau de ta naissance
Y'a tant d'envies, tant de rêves qui naissent d'une vraie souffrance
Qui te lance et te soutient
C'est ta chance, ton appétit, ton essence
La blessure où tu viendras puiser la force et l'impertinence
Qui t'avancent un peu plus loin
C'est ta chance
Ta chance
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Reprendre c'est voler |
Je garderai les disques, et toi l'électrophone
Les préfaces des livres, je te laisse les fins
Je prends les annuaires, et toi le téléphone
On a tout partagé, on partage à la fin
Je prends le poisson rouge, tu gardes le bocal
À toi la grande table, à moi les quatre chaises
Tout doit être bien clair et surtout bien égal
On partage les choses
Quand on ne partage plus les rêves
Tu garderas tes X et moi mes XY
Tant pis, on saura pas c'que ça aurait donné
C'est sûrement mieux comme ça, c'est plus sage
Plus correct
On saura jamais c'qu'en pensait l'intéressé
Mais l'amour, tu peux tout le garder
Un soir, je te l'avais donné
Et reprendre c'est voler
Et reprendre c'est voler
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Elle a fait un bébé toute seule |
Elle a fait un bébé toute seule
Elle a fait un bébé toute seule
C'était dans ces années un peu folles
Où les papas n'étaient plus à la mode
Elle a fait un bébé toute seule
Elle a fait un bébé toute seule
Elle a fait un bébé toute seule
Elle a choisi le père en scientifique
Pour ses gènes, son signe astrologique
Elle a fait un bébé toute seule
Et elle court toute la journée
Elle court de décembre en été
De la nourrice à la baby-sitter
Des paquets de couches au biberon de quatre heures
Et elle fume, fume, fume même au petit déjeuner
Elle défait son grand lit toute seule
Elle défait son grand lit toute seule
Elle vit comme dans tous ces magazines
Où le fric et les hommes sont faciles
Elle défait son grand lit toute seule
Et elle court toute la journée
Elle court de décembre en été
Le garage, la gym et le blues alone
Et les copines qui pleurent des heures au téléphone
Elle assume, -sume, -sume sa nouvelle féminité
Et elle court toute la journée
Elle court de décembre en été
De la nourrice à la baby-sitter
Des paquets de couches au biberon de quatre heures
Et elle fume, fume, fume même au petit déjeuner
Elle me téléphone quand elle est mal
Quand elle peut pas dormir
Je l'emmène au cinéma, je lui fais des câlins, je la fais rire
Un peu comme un grand frère
Un peu incestueux, quand elle veut
Puis son gamin, c'est presque le mien, sauf qu'il a les yeux bleus
Elle a fait un bébé toute seule
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Peur de rien blues |
Y a des choses qu'on peut faire
Et puis celles qu'on doit pas
Y a tout c'qu'on doit taire
Tout c'qui ne se dit pas
Des vies qui nous attirent
De brûlures et de clous
Oui, mais ne pas les vivre
C'est encore pire que tout
De sagesse en dérive
De regrets en dégoûts
Y a qu'une guitare à la main
Qu'j'ai peur de rien
Quand les juges délibèrent
Si j'fais mal ou j'fais bien
Si j'suis vraiment sincère
Moi, j'sais même plus très bien
Quand les rumeurs vipèrent
Quand l'image déteint
Il m'reste ce vrai mystère
Et ça, ça m'appartient
Quand j'frôle la lumière
Qu'un instant je la tiens
Avec ma guitare à la main
J'ai peur de rien
Y a des choses qu'on pense
Qu'on voyait pas comme ça
Mais on garde le silence
Et on presse le pas
Des regards qu'on détourne
Des gestes qu'on fait pas
La conscience un peu sourde
Et pas très fier de soi
Quand la dose est trop lourde
Quand l'blues va un peu loin
J'prends ma guitare à la main
Et j'ai peur de rien
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(intro) À quoi tu sers? |
Tu parles, parles, c'est facile, même sans y penser
Les mots, les mots sont immobiles, triés, rangés, classés
Laisse aller, laisse-les jouer
Se cogner, te séduire
Sensualiser, te bouger
Quand ça veut plus rien dire
Swinguer les mots, les mots, sans ça
On va les rétrécir
Swinguer les mots, ne surtout pas
Toujours les réfléchir
Les mots, l'émo, l'émotion vient
Les mots font l'émotion
Coûte que coûte, écoute-les bien
Rythmer nos déraisons
Les sons, les sons, laissons-les rire
Faut pas les écouter
Juste pour éviter le pire
On va les déchaîner
À quoi tu sers?
Pourquoi t'es là?
Qu'est-ce que t'espères?
À quoi tu crois?
Y en a qui meurent, qui prient pour un morceau de terre
Y en a qui risquent leur vie pour passer la frontière
Y en a qui bronzent et d'autres s' font la peau plus claire
Certains s'effraient au fond quand d'autres font des affaires
Mais y a toujours la lune qui s' méfie du soleil
Et quand tout ça changera, c'est pas demain la veille
Certains smatchent ou labourent, d'autres soignent ou bien peignent
C'est à toi, c'est ton tour, qu'est-ce que t'as dans les veines?
À quoi tu sers?
Pourquoi t'es fait?
Terminus Terre
Un seul ticket
Y en a qui grimpent en l'air pour un peu plus d'silence
Y en a qui vivent sous terre où ça hurle, où ça danse
Y en a qui pointent des comptes quand d'autres comptent les points
Y en a qui lèvent des croix pour ceux qui n'y croient pas
Y en a qui pincent des cordes, y en a qui frappent des peaux
Certains "import exportent" ou bien se jouent des mots
Y en a qui s'font des billes quand d'autres tombent les filles
Certains ne donnent qu'aux hommes, mais d'autres n'aiment personne
Mais y a toujours la lune qui s'méfie du soleil
Et quand tout ça changera, c'est pas demain la veille
Y en a qui courent une vie pour gagner deux dixièmes
À présent, c'est ton tour, qu'est-ce que tu nous amènes?
À quoi tu sers?
Pourquoi t'es fait?
T'as la lumière
Et puis après?
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Doux |
C'est pas moi qui vous ferai des plans
De loup-garou, de grand méchant
S'il faut se battre pour qu'ça vous plaise
Malaise
J'vous aimerai pas dans la sueur
Genre stakhanoviste du bonheur
La voix mielleuse, "alors heureuse"?
Horreur
Genre australien blond, sable chaud
Surf sur les vagues, sel sur la peau
Grands les sourires, gros biscottos
Zéro
Mais je serai doux
Comme un bisou voyou dans le cou
Attentionné, tiède, à vos genoux
Des caresses et des mots à vos goûts
Dans la flemme absolue, n'importe où
Mais doux
Je serai doux
Comme un matou velours, un cachou
A l'abri lovés dans notre igloo
Couché, debout, sens dessus dessous
Grand manitou de tous vos tabous
Si doux
S'il vous faut un intellectuel
Un bel esprit, un prix Nobel
S'il faut briller dans l'tout Paris
Sorry
Si la réussite vous excite
Le style yuppie cool mais dynamique
Coke pour le speed, pills pour la nuit
Oublie
J'expliquerai pas de large en long
Le kama-sutra en dix leçons
Les modes d'emploi, notices techniques
J'évite
Mais je serai doux
Comme un bisou voyou dans le cou
Attentionné, tiède, à vos genoux
Des caresses et des mots à vos goûts
Dans la flemme absolue, n'importe où
Mais doux
Je serai doux
Comme un matou velours, un cachou
A l'abri lovés dans notre igloo
Couché, debout, sens dessus dessous
Grand manitou de tous vos tabous
Si doux
Le complice avoué, le joujou
De vos fantasmes et tous vos "pérous"
Capitaine exclusif à vos cours
Si doux
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Long is the road (américain) (gospel) |
Au-delà de nos vents, passée notre frontière
Dans ces pays soleil de sable et de pierre
Là où malgré les croix et malgré les prières
Les dieux ont oublié ces maudites terres
Dans sa pauvre valise, ses maigres affaires
Une histoire banale d'homme et de misère
Il tient dans sa chemise ses ultimes richesses
Ses deux bras courageux, sa rude jeunesse
Et tout contre sa peau comme un trésor inca
Son nom sur un visa pour les USA
But long is the road
Hard is the way
Heavy my load
But deep is my faith
Long is the road
Sur des highway sixty-one, l'ombre d'un Zimmermann
Dix trains de losers pour un Rockfeller
Brûler sa peau pour être un Battling Joe
Quand chaque espoir se décline en dollars
Jusqu'aux bannières où les stars s'affichent
Sous les lumières, tout est blanc, propre et riche
Du jeudi noir jusqu'aux bleus de John Ford
Dans chaque histoire se cache un chercheur d'or
But long is the road
Hard is the way
Heavy my load
But deep is my faith
Long is the road
I've got my shoes
I've got my hair
Nothing to lose
But all my love
I've got my faith
I've got my load
And I'm free
Long is the road
Hard is the way
Heavy my load
Deep is my faith
Long is the road
Long is the road
Hard is the way
Heavy my load
Deep is my faith
Long is the road
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Il changeait la vie |
C'était un cordonnier, sans rien d'particulier
Dans un village dont le nom m'a échappé
Qui faisait des souliers si jolis, si légers
Que nos vies semblaient un peu moins lourdes à porter
Il y mettait du temps, du talent et du cœur
Ainsi passait sa vie au milieu de nos heures
Et loin des beaux discours, des grandes théories
À sa tâche chaque jour, on pouvait dire de lui
Il changeait la vie
C'était un professeur, un simple professeur
Qui pensait que savoir était un grand trésor
Que tous les moins que rien n'avaient pour s'en sortir
Que l'école et le droit qu'a chacun de s'instruire
Il y mettait du temps, du talent et du cœur
Ainsi passait sa vie au milieu de nos heures
Et loin des beaux discours, des grandes théories
À sa tâche chaque jour, on pouvait dire de lui
Il changeait la vie
C'était un p'tit bonhomme, rien qu'un tout p'tit bonhomme
Malhabile et rêveur, un peu loupé en somme
Se croyait inutile, banni des autres hommes
Il pleurait sur son saxophone
Il y mit tant de temps, de larmes et de douleur
Les rêves de sa vie, les prisons de son cœur
Et loin des beaux discours, des grandes théories
Inspiré jour après jour de son souffle et de ses cris
Il changeait la vie
Il changeait la vie
Il changeait la vie
Il changeait la vie
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Puisque tu pars |
Puisque l'ombre gagne
Puisqu'il n'est pas de montagne
Au-delà des vents plus haute que les marches de l'oubli
Puisqu'il faut apprendre
À défaut de le comprendre
À rêver nos désirs et vivre des "Ainsi soit-il"
Et puisque tu penses
Comme une intime évidence
Que parfois même tout donner n'est pas forcément suffire
Puisque c'est ailleurs
Qu'ira mieux battre ton cœur
Et puisque nous t'aimons trop pour te retenir
Puisque tu pars
Que les vents te mènent
Où d'autres âmes plus belles
Sauront t'aimer mieux que nous puisque l'on ne peut t'aimer plus
Que la vie t'apprenne
Mais que tu restes le même
Si tu te trahissais nous t'aurions tout à fait perdu
Garde cette chance
Que nous t'envions en silence
Cette force de penser que le plus beau reste à venir
Et loin de nos villes
Comme octobre l'est d'avril
Sache qu'ici reste de toi comme une empreinte indélébile
Sans drame, sans larme
Pauvres et dérisoires armes
Parce qu'il est des douleurs qui ne pleurent qu'à l'intérieur
Puisque ta maison
Aujourd'hui c'est l'horizon
Dans ton exil essaie d'apprendre à revenir
Mais pas trop tard
Dans ton histoire
Garde en mémoire
Notre au revoir
Puisque tu pars
Dans ton histoire
Garde en mémoire
Notre au revoir
Puisque tu pars
J'aurai pu fermer
Oublier toutes ces portes
Tout quitter sur un simple geste
Mais tu ne l'as pas fait
J'aurai pu donner
Tant d'amour et tant de force
Mais tout ce que je pouvais
Ça n'était pas encore assez
Pas assez
Pas assez
Pas assez
Pas assez
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