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Carnaval Cannibale |
C'est l'honneur qu'on jette aux fleurs
C'est l'amour loin des beaux jours
C'est le crime contre la rime
De la contrefacon plein l'armoire
Je m'egare sur les boulevards
Mes annees folles de bazar
Je m'egare sur les boulevards
Des idees au moins jusqu'au falzar
C'est le crime et la foule a Paris
C'est la terre et le ciel jusqu'au Laos
C'est la tete a l'envers a Ivry
Y'a pas d'hiver chez les khmers
Carnaval cannibale j'te dis !
Je lutine la Cochinchine
Je rationne la mescaline
Sur un vieux rafiot machine
Je vendrai la peau de la gamine
Que voulez-vous que j'y fasse ?
C'est comme ca que ma vie passe
Bienvenue Saigon Palace
Pour un aller simple au bout du monde
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Madame |
Elles revent de la belle epoque,
Sous l'oeil terne des ors affadis
Ils veulent Byzance et New-York
La vieille Europe dans un rocking-chair
L'argent des fournisseurs de mort
Le Capital qui rogne et qui crane
Mais on donne dans le style Empire,
C'est bien plus classe que la lutte des classes
Quelle belle histoire,
Cousue de fils barbeles
La chair malmenee
Madame se laisse aller,
Monsieur ne voit plus beaucoup Madame
Madame connait d'autres messieurs
La messe est dite sous d'autres cieux
Il traine dans les corridors
L'ombre incendiee du capitaine qui dort,
La-bas sous le Chemin des Dames
Et les shrapnels qui dechiraient l'ame
Monsieur n'reconnait plus sa face,
Piquee d'acier, rabotee de traces
Il gene lorsqu'il apparait
Il doit comprendre que c'est indecent
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Les Grands-Ducs |
Alcools, rappelez-moi
Les visages des grands-ducs
La noblesse magnétique
Portés disparus, tous !
Larsens, lourds décibels
Fardés de rebelle rimmel
La prunelle du septième ciel
Portés disparus, tous !
Golden Boys du pétrole ou d'interpol
Permettez qu'on s'efface
Permettez qu'on trace
Les grands-ducs se cassent, les grands-ducs se lassent
Cache tes pleurs puis ravale ta douleur
Pêle-mêle, fin de bordel
La finance du scalpel
La folie sous tutelle
Portés disparus, tous !
Ailleurs emmenez-moi
Loin des villes nouvelles Babel
Des novotels infidèles
Portés disparus, tous !
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Pyromane Blues |
La flamme dévore la cire gravée d'ondes fragiles
La flamme dévore l'orgueil d'une mélodie facile
Perdue la trace
Que veux-tu qu'on y fasse ?
Quel cinéma, ce brasier dans la nuit froide !
Quel cinéma, ces zébrures sous les cyclades !
Calcinée l'aube
Qu'est-ce que tu veux qu'on y fasse ?
Pyromane cherche son autodafé
Pyromane cherche sa flammèche filmée
Pyromane brûle d'amour tisonné
Pyromane blues, pyromane blues
Vendue la mèche, jalousie sous les persiennes
Dans ce village, on ne vendange pas la haine
Perdue la trace
Que veux-tu qu'on y fasse ?
Vingt ans de vaines frénésies flambées, tu vois
Vingt ans de folles symphonies fument sous les toits
Calcinée l'aube
Qu'est-ce que tu veux qu'il en reste ?
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Mon Nom |
Elle a vu la peur de pres
La misere, on s'y fait
Elle a vu le corps des hommes
Pour vivre, faut bien qu'on donne
Que diras-tu, Mary Jane,
Lorsque la fin viendra
Lorsque tout s'en ira ?
Les masques craquent tous
Un beau jour ne reste que la chair
Mon nom, je m'en souviens pas
Je suis deja loin de ca
C'est la meme vacance du sens
La meme histoire d'absence
C'est le souffle vole
Deux fois l'air de rever :
Quand elle voit le frere
Sur les photos austeres
Quand elle sent la main posee
De l'amant meurtrier
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Sémaphores |
Jean Genie, never justify yourself
C'est la vie qui meurt d'ennui
Jean Genie fais gaffe
Le monde a peur des fous furieux comme toi
Reste dehors, loin des sémaphores
Je vis loin des sémaphores
Je vis loin des sémaphores
Je marche sur des foules sonores
Un masque sur le visage blême
Un masque sur le visage blême
L'an prochain, Jérusalem
Le soir, j'écris des histoires
Le soir, j'écris des histoires
De filles qui se lèvent trop tard
Une chaise, au lever du jour
Une chaise, au lever du jour
Des vautours qui tournent autour.
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Maldoror |
Empire de bazar
Disparu des cartes
Caché quelque part
Entre Narbonne et Zanzibar
Mes amis venez, grimpez dare-dare
Et sans retard
Je vous emmène
Caresser le ciel
Voyez ma machine
Elle crache sans remord
Des crapauds mort d'amour
Des oxydes d'oxymores
De fumeroles salines
En escarbilles sanguines.
Messieurs, mesdames,
Bienvenue à bord !
J'gueulerai plus fort,
plus fort que Maldoror !
Je réveillerai l'volcan qui dort !
Amis de Kerouac
Bivouaquez là, vous dis-je
Dirigez vos coeurs vaillants vers
L'aube aphrodisiaque.
Carapaçonnés de vers
Vous ouvrirez la porte
De ce bric-à-brac carrément foutraque.
Si dans ce domaine
Au pied d'une vieille baraque
Vous croisez l'oeil de Ziggy
Ou l'iguane ventriloque
Gardez vos nerfs
Suivez mes chimères
Entre elles et moi
Traîne ce bon vieux Lucifer !
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Mille regards |
Ce qu'il nous reste d'espoir
Ce qu'il nous reste, colere noire
Damnes de la terre, les derniers grands airs
Avant la pluie de fer
Ce qu'il me coute de t'ecrire
Ce qu'il me coute, au fond, de partir
Tes deux petites mains dans mes poings serres,
Comme si j'avais reve
Mon bel enfant bleme
Ma belle victoire
Je ne t 'embrasserai plus, non
Tu devras livrer bataille tout seul
Affronter les vieilles peurs
Et leur cortege de pleurs
Nous sommes les fils du hasard, mille regards
Des sentinelles perdues sous mille regards
La voix des morts nous consolera plus tard,
La voix des morts et pour sur
Leurs mille et un regards
Comme l'ame de l'homme s'effiloche
Comme l'ame du monde devient moche
Sous la lune amere les grands cimetieres
Verront le millenaire
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Je m'en irai |
Ce qu'il te fallait d'aventures, de naufrages,
Ce qu'il fallait de courage, ce qu'il fallait de rage !
Sous quelle étoile, sur quel oiseau de feu,
Tu glissais dans le grand soir, tu glissais sans adieu ?
Je m'en irai sur les chemins,
Sur les chemins de terre et d'or !
Ce qu'il te restait de misère ou de colère,
Ce qu'il te restait de fièvre dans les nerfs...
Tout c'quelles chantaient, tes mélodies de poussière :
Des ombres dans la lumière et cette vue sur la mer.
Landévennec, Landévennec, tes rivières,
Landévennec, Landévennec, tes collines,
Landévennec, Landévennec, tes vieilles pierres,
Landévennec, Landévennec, tes cimetières !
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Quelle sorte d'Homme |
Les hommes ne causent pas, les tontons flinguent d’abord
Banco pour Bangkok, furia jusqu’à Bahia
Repos du guerrier ? Cela n’existe pas
Mission spéciale pour Caracas, alors
Une belle de jour sans foi ni loi
Une Barbarella s’envoie…
Le vice, la vertu, en route pour Konga Yo
Barbouzes et baltringues se prennent pour Fantômas
Les porte-flingues jouent la mélodie des caves
La symphonie pour massacre à la sulfateuse
Quelle sorte d’homme voulez-vous célébrer ?
Le trompe-la-mort, l’ancien conquistador ?
Quelle sorte d’homme technicolor ?
Quelle sorte d’alcool, en somme ?
Et lorsque sonne la fin des guerres
Des singes égarés dans l’hiver…
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Cabaret Voltaire |
Cabaret Voltaire
Nous avons l'âme qui dégouline par les latrines
Le cul de basse-fosse, c'est notre mare nostrum
Evidemment cela chatouille quelques narines
On aimerait voir Colombine déguisée en homme
Il nous faut du fort, de l'Alcazar, du sans remord
Nous avons quelques maréchaux de naphtaline,
Gâtés d'honneurs douteux, vieux gâteux parleurs
Mais les vrais as, les vrais cadors,
On les trouve sous les ors du palais Brogniard
Depuis que Dieu est mort, c'est fou c'que ça turbine encore !
Cabaret Voltaire, un œil ouvert sur le siècle de fer
Cabaret Voltaire, une dernière vanne et bye, bye les monte-en-l'air
Cabaret Voltaire un dernier verre avant l'ère des commissaires.
Et puis c'est comme si la terre s'était mise à trembler
La vieille canaille Dada s'était réveillé ivre
Elle bousculait les barbouilleurs, les scribouillards
Amen au bordel monstre et mort à Mozart
Les foules qui dansent, automatiques, sur les boulevards
Les corbillards pressés, les égouts qui ronronnent
Et l'écriture au narcotique, préparez-vous au choc
On entre dans le cerveau de l'homme moderne
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