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Prologue |
Il est déjà tard
Trop tard sans doute
Pour trouver un divertissement
Ou quelque chose à fredonner
Vous feriez mieux de rentrer chez vous
De vous coucher
Tout simplement
D’oublier cette discussion
Cette ruelle
Qui n’a jamais été très fréquentable, d’ailleurs
D’oublier jusqu’à ma voix
A cet endroit précis
Un vagabond a été broyé par un tramway
Et vous voyez cette demeure?
Derrière ces vitres crasseuses
Un père maltraitait ses enfants
Quant à cet hôtel particulier
Il abritait des salons sulfureux
Pour les gens de la noblesse
Je crois me souvenir
Qu’à la “grande époque”
Il y avait même sur cette place
Une fête foraine
Avec un spectacle de monstres
Un chapiteau bariolé…
Mais il y a bien longtemps
Que plus personne ne passe par ici
Même les fantômes se font rares
De nos jours
Puisque vous insistez
Que vous restez plantés là
A attendre quelque chose
Qui ne viendra pas
Suivez-moi dans l’obscurité
Il me reste peut-être quelques histoires
Macabres
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Serviteur du roi |
Noires années de disgrâce
D'exquis exils stériles
Année deux mille quatorze
Ma turpitude frétille
Suis qu'un salaud qui dort
Ange phagocytaire
T'ouvrant large mon thorax
Insatiable Adversaire
Arraché
Au déplaisant hiver
Arraché
A la torpeur du vers
Ouvrir une nouvelle fois l'étrange catafalque
Convoquer au sabbat mes incubes mes sorcières
L'étreinte de minuit sous l'aile noire du Prince
La langue en-sanglotée
Perverse acidulée
Venez anciens amis défunts
Saluer l'objet de toutes vos rancœurs
Venez en procession amantes d'une heure
Baiser l'infecte verge sur son reliquaire
Moi! La gargouille obscène et toujours gémissante
Écorchée dans le sel sous l'astre du malheur
Et dont on tend les squames écailleux
En guise de chapiteau
Équilibriste au bord de l'ombilic crasse
A moi, de tous côtés! Gentilshommes d'infortune!
Bouffon précieux de l'ancienne Cour
J'inonde de nacre la pleine lune
Je sers le Roi Cauchemar
Du chaos primitif jusqu'au dernier grand soir
Je sers le Roi Cauchemar
Et la Couronne du Léopard
Je sers le Roi Cauchemar
Du chaos primitif jusqu'au dernier grand soir
Je sers le Roi Cauchemar
Je sers
Serviteur du Roi
Serviteur des folies
Serviteur des mirages
Serviteur de la nuit
Arraché
Aux complaintes d'hier
Arraché
A la torpeur du vers
Noires années de disgrâce
Qui s'achèvent, pauvre ami
Mon verbe est plein d'audace
Et mon vit raffermi
Approchez, approchez courtisans, duchesses et marquis enfouis
Arrachez vos fémurs vert-de-gris au marécage des siècles
Partout on ravive les flambeaux pour guider vos esprits
A travers le labyrinthe de crépuscule virevoltant
Qu'importent les vivants, nous sommes d'humeur spectrale
Exaltés et ardents, loin de l'odieuse époque
Du bassin d'Apollon jusqu'à la salle de bal
Quels spectacles charmants, quels plaisirs goûtons-nous!
Ô mes précieux tombeaux, vomissez vos ossements!
Ravissantes hétaïres, menez-nous d'illusions en vertiges
Aux salons dérobés, enfouis, obsolètes, oubliés
Parés de chairs fiévreuses et de soupirs
Ici est mon séjour
Derrière ces murs d'oubli
Sur les allées désertes
Où murmurent les fantômes
Entre les pages moisies
Les boiseries vermoulues
Favori de ces dames
Qui ne respirent plus
Tout cela vaut bien
De raviver l'enfer
De perdre son esprit
De s'enfuir en arrière
Oui tout cela vaut bien
De raviver l'enfer
Je sers le Roi Cauchemar
Du chaos primitif jusqu'au dernier grand soir
Je sers le Roi Cauchemar
Et la Couronne du Léopard
Je sers le Roi Cauchemar
Du chaos primitif jusqu'au dernier grand soir
Je sers le Roi Cauchemar
Je sers le Roi
Je sers le Roi Cauchemar
Du chaos primitif jusqu'au dernier grand soir
Je sers le Roi Cauchemar
Je sers
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Ordre de mobilisation générale |
Ici-bas le sommeil
Des peuples, des cités
La trêve indéfinie
Ferait presque oublier
Ici-bas le soleil est un astre malade
Qu'aucun premier sang n'a jamais apaisé
Mais voila qu'à nouveau ça défile
Croix de feu, crânes de fer, têtes brûlées
Sous les flammes sacrées, contre le sol natal
Tombent
Les morts par balles
Elles couleront carmin
Dans leurs gueules enivrées
Elles entonneront pour toi
Les mêmes chants guerriers
Étendard glorieux
Linceul tricolore
Nous serons tous appelés
Par la France et la Mort
La Maréchale Faucheuse
Moissonne sur les murs
Récolte au champ d'horreur
Les seins gorgés d'obscur sous les essaims d'obus
Grand-père, sur ton cheval blanc
Sabre de cavalerie au clair
Ce bel uniforme médaillé
Ta moustache détrempée de sang
Sublime orgueil de te suivre
Pour mieux rejoindre ta poussière
S'engager pour devenir un homme
Devenir un homme en s'égorgeant
Grand-père, combien as-tu tranché
Pendant l'assaut, sous la mitraille
Fleur au fusil dans la tripaille
Je crains de ne pouvoir t'égaler
Au combat
Au fond
Pourvu que je tombe en premier
Sans avoir eu le temps
De saccager la chair
Au front
Pourvu que je tombe en premier
Déserter sous terre
Pour fuir la guerre
Dernière veillée d'armes
Au lupanar
Crache vite car demain:
Ton heure de gloire
Marche
Marche
Enfin la charge!
Dans les premières heures de l'aurore
Les couilles vides, la peur au ventre
Les rêves héroïques et barbares s'embrasent
Puis prennent corps
Déflagration! Nous sommes le bras
Le bras armé, le bras tendu, le bras d'horreur
En fer forgé, porte-drapeau forcé
De la terreur
Un déluge de feu
De phosphore blanc
Petits soldats
Incandescents
Une balle en plein visage
A interrompu mon élan
Une balle en plein visage
Pour solde de défaite
Ma petite gueule d'amour
Disposée en fragments
Grossier chiffon sanglant
Qui ne pourra même plus verser de larmes
Qui ne pourra même plus verser de larmes
Ma petite gueule de vétéran
Répugnant trou de douleur
Avec vue sur l'abîme
D'où s'échappera comme un dernier refrain:
J'ai fait la guerre, j'avais trente-cinq ans
J'ai fait la guerre
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Mangevers |
J’avais bien promis de me taire
De laisser tout France en arrière
Sans un regret pour mes défunts
Maintenant que la nuit se resserre
J’imagine Rouen sous leur poussière
Tristes noyés du fond de Seine
Si on rouvrait encore la gueule
Pour raviver tout ce venin
Crachats d’éther, coulées de bile
Pour mieux noircir
Demain
Je suis devenu un autre homme
Le même qu’hier mais pire en somme
Dans cette cage immonde
Sur ma paillasse miteuse
Miroir de chair brisé
Cirque vivant
Croqueur de morts
Car tant que cela peut saigner
Cela veut jouir et déchiqueter
Souiller dans l’encre ou la semence
Tout engloutir
Oublié
Abîmé
Abhorré
Je suis devenu un autre homme
Le même qu’hier mais pire en somme
Mes enfants chéris
Mes petits anges
Pantins tordus au caniveau de la Ville Lumière
Petit Papa Ordure est mort en détention
Il dérive pour toujours
Vers le Pays Imaginaire
J’avais bien promis de me taire
De léguer Posthume à la terre
Sans un regret pour une putain
Maintenant que sonne l’heure des sorcières
Que nous brûlons d’un même enfer
Le “poète” reprend sa chanson
Raclons toute la moelle des ossements
Le temps d’une livide révérence
Le crâne, les tibias, les fémurs
Au mauvais vent
Oublié
(Non, rien de bien)
Abîmé
(Non, rien de bien)
Abhorré
(Non, rien de bien)
Je me fous d'y passer
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Gone on the hoist |
I let my hair grow
Dyed it black again
And took the N train
To Bay Parkway
Gone on the Hoist
Beyond recall
Farewell to France
Once and for all
Raga Yaman Kalyan
From the house next door
Will these healing stones
Quieten my soul?
Gone on the Hoist
Beyond recall
Farewell to France
Once and for all
River runs red
Along Neptune Avenue
The Cyclone sweeps
Everything away
Gone on the Hoist
Beyond recall
Farewell to France
Once and for all
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Collectionneur de poupées |
C'est la triste nuit de Noël
Sous les flocons de cendre froide
Tout le Cimetière Nord étincelle
Je vous regarde
Du dehors
Vous êtes à table
Et moi, un ange
Un ange auprès des morts
Soyez maudits
Cœurs desséchés
Indifférents
Aux plaintes sous terre
Que je suis le seul à entendre
Toutes vos fillettes abandonnées
Qui sanglotent dans le noir
Petites mâchoires suturées
Les phalanges tordues sans espoir
Je viendrai les chercher
Sans effroi sans dégoût
Moi je les bercerai
Loin du lit des cauchemars
Loin de vous
J'effleurerai d'un souffle
Leurs fines lèvres boudeuses
Même si elles sont glacées
Même si elles ont le goût de la terre
Je vous recueille
Ombres cassantes
Si vulnérables
Je suis un ange
Un ange auprès des morts
Toute la nuit j'aurai creusé
Pendant que les fous réveillonnent
Dévoré par le vent d'hiver
J'ai fendu le sol jusqu'à l'aube
Puis j'ai chargé sur mon traîneau
Mes marionnettes disloquées
Bien sûr il ne reste pas grand chose
Ballerines d'ivoire putréfiées
Je viens vous chercher
Sans effroi sans dégoût
Moi je vous bercerai
Loin du lit des cauchemars
A la lueur d'une bougie
Je travaille inlassablement
Dans ma maison de pain d'épices
L'orange, la cannelle, le formol
J'emmaillote leurs corps fragiles
Je facette leurs yeux tendres
Mes silencieuses amies
Gardez-le pour toujours
Ce ravissant secret
Une simple collection
De poupées de chiffon
Il n'y a rien de mal
il n'y a rien de sale
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Géhenne |
Auditeur mon confident
Je connais tes penchants
Pour les spectacles singuliers
Les tableaux décadents
Alors, écoute bien:
Dans un petit théâtre
Parisien et obscur
Une revue de pantins désaxés
S’adonne à la luxure -à la torture
Les saynètes s’y succèdent
Obscènes et mécaniques
Chefs-d'œuvre confidentiels
D’un auteur vampirique
Il aime tant la mettre en scène
Comme une palette de douleurs
Bientôt il la mettra en pièces
En commençant par l’intérieur
Jeune actrice ambitieuse
Toute prête à te vendre
Tendant tes lèvres rose sucrier
Une bouche de braises à prendre
J’écrirai pour toi, ô ma muse
La plume trempée dans tes menstrues
Un rôle de putain indécente
Une nature morte
Incandescente
Le Diable
Ça n’existe pas
Avec moi
Avec moi
L’enfer
N’existe pas
Tu ne soupçonnes pas les limites
Que nous allons franchir ensemble
Je me draperai dans ta chair
Comme une sangsue, une vipère
Je mutilerai ton innocence
À chaque vers
Si tu espères revoir le jour
Il faudra jouer mon dernier acte
La bouche remplie d’ordures
Sublime et humiliée
Avec moi
Le Diable
Ça n’existe pas
Au terme du spectacle
Quand tous se furent levés
Derrière les rideaux noirs
Elle le saisit par la gorge
Il avait perdu toute épaisseur
Et ses yeux sans éclat
Trahissaient une terreur d’enfant
Puis elle jeta une allumette
Et disparut dans les ténèbres
Du onzième arrondissement
Il voulait la mettre en scène
Comme une palette de douleurs
C’est elle qui l’a réduit en cendres
Le sinistre [...]
Géhenne
Géhenne
Géhenne
Ce brasier
Brûle pour toi
Le petit théâtre parisien
Le diable de carton-pâte
L’actrice qu’il croyait posséder
Cela n’a jamais
Existé
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Poisonne |
Cette dernière page
Est pour toi
Poisonne
Qui rôde sans cesse autour de moi
Tant de visages
Tant d’attraits et d’appas
Innombrables tatouages
Et cicatrices aux bras
A peine femme
Parfois garçonne
Aussi bien flamme que balle glaçante
En crépuscule et en personne
Tout ce qui doit pourrir
Tout ce qui n’est pas viable
Les regrets à jamais
Entre tes bras
Lequel de nous deux
Dévore l’autre?
Laquelle de nous deux?
Maudite tu m’attends au tournant
Furieuse, impudique, désarmante
Datura ferox, Syringa
La gorge offerte
Adolescente
Contre tes hanches je repose
Y faire courir ma langue oui j’ose
Iris plantés tous droits dans l’ambre
De lila sous les cendres
Cette dernière page est pour toi
Pour toi qui n’aime rien plus que toi
Ma cavité mortuaire
Sous le fard
Et la chair
Je suis devenu un autre homme
Le même qu’hier mais vide en somme
Et tout ce qui me fait jouir
Tout ce qui est instable
Est tellement désirable
Sorcière, sorcière
Immobile au dernier jour
Dans l’isba près de l’Onde Noire
La maison d’os sur pattes de poule
Sans porte
Sans fenêtres
Ni espoir
De te voir
Lequel de nous deux
Dévore l’autre?
Laquelle de nous deux?
Ведьма
Баба Яга
прощай девушка
Ведьма
Баба Яга
Je ne peux plus écrire sans toi
Sans être guidé par ta voix
Poisonne, tu lis entre les lignes
Tu aimes lorsque je parle de toi
Remplis ma coupe d’herbe aux vers
Et cauchemardons une ultime fois
Poisonne, serpente entre mes lignes
Tant de servantes t’ont précédée
Je t’enlacerai pour finir
Comme on embrasse l’au-delà
Poisonne
Je suis devenu un autre homme
Le même qu’hier mais vide en somme
Poisonne
Et tout ce qui fait souffrir
Tout ce qui est instable
Est tellement désirable
Ведьма
Баба Яга
Les mauvaises choses n’ont pas de fin
Mauvaises filles, mauvais refrains
Les mauvaises choses n’ont pas de fin
Mauvaise vie, mauvais chemin
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