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Les noces sans retour |
Ce n'est pas la peine d'ouvrir la bouche
Je devine que tu vas mentir
Et pourtant tes silences m'étouffent
Je sais qu'il faut s'attendre au pire
Notre cause est perdue d'avance
Nous reculons à chaque pas
N'invoquons pas notre innocence
Car par l'honneur on ne brille pas
Mais puisque je porte tous les torts
Que ma présence t'insupporte
Nous verrons bien en mon absence
Si tu te sens toujours si forte
Je serai la chaîne à ton pied
L'ombre qui marche dans tes pas
Une croix trop lourde à porter
Le plat que nous mangerons froid
Et chacun de tes nouveaux amants
Aura la saveur des chairs mortes
Quand on me trompe
C'est deuil pour deuil
Et sang pour sang
Pour le meilleur et pour le pire
Jusqu'à ce que la mort nous sépare
Pour le meilleur et pour le pire
Je me suis allongé sur notre lit
Seul
Pour la dernière fois
Et lorsque je fermerai les yeux
Laissant la parole au silence
Nous franchirons ensemble
Les portes de corne
Et d'ivoire
C'est pour toi que je le fais
Et contre toi et à jamais
Crois-moi ce n'est pas par amour
Les noces sans retour
Ici s'achèvent toutes mes peines
Ici débute ta pénitence
Les ombres jugent le marbre pense
Et le sourire des morts est éternel
Ce n'est plus toi qui m'empoisonne
Les pleurs de chanvre qui pressent ma gorge
Ou bien les larmes de rasoir
Qui courent
Dans le sens des veines
Pour le meilleur et pour le pire
Jusqu'à ce que la mort nous sépare
Pour le meilleur et pour le pire
Je ne ressens rien d'autre
Que le bonheur
D'être loin de toi
Tu m'as pleuré le premier jour
Le lendemain tu m'as veillé
Chaque nuit je visitais tes rêves
Noble et auréolé d'absence
Et puis on m'a porté en terre
Une cérémonie très digne
Tu t'es évanouie à la mise en bière
Sous les regards qui t'accusaient
Depuis je me mélange à la terre
Depuis les saisons ont balayé
Mon corps, mon âme, ma colère
Et tu m'as déjà
Déjà oublié
C'est pour toi que je l'ai fait
(Je ne ressens rien)
Et contre toi, et à jamais
(Je ne ressens rien)
Peut-être était-ce par amour
Mais tu m'as déjà oublié
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Vanité des amants |
Posthume dès le berceau
Expire au premier souffle
Sans certitude d'avoir vécu
Et qui se souviendra de toi ?
De moi ? De nos pleurs ?
Posthume jusqu'au tombeau
La route pavée d'ossements
Déjà nos aînés ne sont plus
Le néant
En toute inconscience
Brassons la pourriture
Joignons nos bouches
En piétinant les morts
Puisque nous sommes
Deux amants
Puisque nous sommes
Eternels
Notre amour est plus fort
-Plus fort que quoi déjà ?-
Mais qu'importe étreins-moi
Mords-moi la langue jusqu'au sang
Ne me demande plus
Dans quoi les roses plongent leurs racines
Et qui se souviendra de toi ?
De moi ? De nos pleurs ?
Et qui se souviendra de toi ?
De moi ?
Souvent
Je pense à la mort
Quand je baise
La gravité des corps
Engloutit la clarté
Inexorablement
Souvent
Je pense à la mort
Le va-et-vient
Se fait haletant
Enfonce la mesure
Bat le temps
Dans la salive
Poisseuse et âcre
Le smegma
Trace ses filets blancs
Nos sécrétions séminales
Souillent ta symphyse pubienne
Mon scrotum gorgé de laitance
Séreuse et endorphique
Et je me shoote
Je me défonce
Et je me shoote
A la chatte
En attendant la mort
Je ne t'aime pas, tu me dégoûtes
Et je t'annonce à regret
Q'un plus un ça fait toujours deux
Deux êtres suintant côte à côte
Deux corps à enterrer
Vanité des vanités
Vanité des amants
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Troubles alimentaires |
Je suis creuse, pâle et fière
Comme une poupée de porcelaine
Aux plaisirs solitaires
Dans les secrets de faïence
L'épiderme translucide
Sur mes os bien saillants
Le tracé bleu des veines
Et l'acide qui ronge mes dents
Mon estomac est le vagin stérile
Que je masturbe à longueur de journée
Je ne jouis qu'avec deux doigts
Enfoncés dans la gorge
Quand je fouille mes organes
Et que mes fluides débordent
A genoux, face aux chiottes,
La langue brûlée par la bile
Agitée par les spasmes
Je suis mince et légère
Je crois je contrôle tout
Même si je ne contrôle rien
Quand le corps est meurtri
L'orgasme n'est jamais loin
(Vidée)
(Brisée)
(Vidée)
(Brisée)
Je n'arrive plus à me supporter
Je vomis ma mère
Je vomis ma chair
Je vomis mon sexe
Je vomis même la terre
(Vidée)
(Brisée)
(Vidée)
(Brisée)
Je n'arrive plus à me supporter
Je n'arrive plus à me
Digérer
Je suis maigre, je suis maigre
Je suis maigre à crever
Ou bien grosse, tellement grosse
A deux doigts d'éclater
Je suis belle, et je m'aime
Je suis laide, je me hais
Je suis maigre, et je m'aime
Je suis
Anorexique
(Vidée)
(Brisée)
(Vidée)
(Brisée)
Manger, éructer, vomir, se vider
Disparaître, liquéfier
N'être rien, diluer
Renoncer
Contrôler
Et mourir
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Passage à vide |
Ma colère tiède, les humeurs aigres
Vertiges d'éthyl et d'herbes amères
Les absents blessent par leur présence
Et le présent par son absence
Les jours n'ont plus de lendemain
La conscience figée dans des deuils
Que les revenants ont désertés
Faut-il au moins se satisfaire
D'être allé jusqu'au bout du rien
La suave disgrâce que j'entretiens
Tout seul, je m'essaie à pleurer
Veuf, ténébreux, inconsolé
Les orages ne se lèveront pas
Le coeur est creux
Dans un monde vide
Je bâtis mon empire sur le silence
Je rêve les galeries aveugles
Indifférent au bonheur d'être triste
Je hante les passages à vide
Avec dépendance
À fleur de chair, l'enfer palpite
Cachot de honte, dégoût d'insectes
Rideaux tirés, chambre mortuaire
La penderie vide, ses cris résonnent
Malaise fiévreux, peine somnolente
Impossible de se fuir soi-même
Et l'échec procure ma substance
Avec dépendance
Le sang est lourd
Le coeur est vide
L'alcool qui tient les maux en veille
La rage chimiquement sublimée
Dehors les catacombes dégueulent
Les pensées grises de septembre
L'alcool qui étend ses cauchemars
De Clichy jusqu'à Stalingrad
J'ai deux amours
Les toxiques et l'oubli
J'ai deux ennemis
Mes amours et Paris
J'ai attendu devant des portes
Crucifié des oiseaux de nuit
Imploré les faveurs d'une morte
Disloqué dans l'ennui
Serrant les poings
Ravalant la ciguë
Sincères condoléances
Le coeur est creux
La tombe est vide
Chaque nuit je presse contre mon sein
L'enfant que nous n'aurons jamais
Chaque nuit j'ajoute un dernier vers
A l'inventaire de toutes mes fautes
Suis-je assez à terre à ton goût
Mais déjà, une autre à mon bras
Vient passer sa langue sur mes lèvres
Trop belle pour me suivre en enfer
Pour ne pas trahir à son tour
Elle sauve au moins les apparences
J'ai tant raclé le fond des yeux
Et fait le tour de mon sujet
Les orages ne se lèvent jamais
Son coeur est plein
D'un amant vide
Tu m'as effondré sur moi-même
Figé dans toutes mes addictions
Sur la peau blanche de chaque cauchemar
Je continue à lire ton nom
Avec dépendance
Tout le bien que je fais
Tout le bien
Je le fais mal
Tout le mal que je fais
Tout le mal Je le fais bien
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Salope |
Je préférerais te savoir morte
Qu'heureuse à ses côtés
Le deuil paraîtrait léger
Si c'était sous la terre que tu couchais
Mais Dieu pardonne
Et il bénit votre amour
Je ne suis qu'un homme
Et je te maudis chaque jour
Au coeur noir de ces nuits de feu
Alors qu'un autre sexe te faisait jouir
Je te voyais te tordant sur la braise
Offrant le sacré coeur à ton plaisir
Mais Dieu pardonne
Même aux femmes infidèles
Je ne suis qu'un homme
Et je te jetterai la première pierre
Rien n'est plus triste
Que les funérailles des vivants
Pourtant toi, tu existes
Et moi, je fais semblant
Mais es-tu aussi heureuse que tu le laisses entendre ?
Et que te dit la femme dans le miroir ?
La chair prendrait-elle le goût des cendres ?
Le repentir arriverait-il trop tard ?
Mais je tiens à te remercier
Pour tout le bien que tu m'as fait
Sans toi j'ignorerais que la vie
Que nos vies
S'affrontent seul
Se quittent nu
Et que rien n'y fait
Un jour prochain, je partirai
Avec ton cher fantôme à mes côtés
Seul, dans l'épreuve, je crois, je sourirais
Si quelque part sous terre tu m'attendais
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Des hauts des bas |
Stephan Eicher's song |
La pluie venait du nord
Le vent passait sous ma porte
Je comptais vivre fort
Et que le diable m'emporte
J'allais a la fenetre
Enroule dans un drap
Je secouais la tete
J'en ecartais les bras
J'avais des hauts
J'avais des bas
J'avais plus ou moins chaud
Et toute la vie devant moi
J'avais des hauts
J'avais des bas
Je crois que j'en voulais trop
J'ai meme eu ce que je n'voulais pas
Je restais enferme
Ou errais pendant des jours
Trop de chemins s'ouvraient
Trop de questions en retour
Je n'avais pas tue mon pere
Mais je ne me souvenais pas
Ce qu'il me disait de faire
Ou ce qu'il ne disait pas
J'avais des hauts
J'avais des bas
J'avais plus ou moins chaud
Et toute la vie devant moi
J'avais des hauts
J'avais des bas
Je crois que j'en voulais trop
J'ai meme eu ce que je n'voulais pas
Chaque jour je me tenais pret
Je guettais l'heure et la page
Ou les eaux s'ouvriraient
Me laisseraient un passage
L'espoir me faisait vivre
L'attente me rendait nerveux
Je trouvais dans les livres
De quoi patienter un peu
J'avais des hauts
J'avais des bas
J'avais plus ou moins chaud
Et toute la vie devant moi
J'avais des hauts
J'avais des bas
Je crois que j'en voulais trop
J'ai meme eu ce que je n'voulais pas
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Le seul amour |
Puisque la messe est enfin dite
Puisque ce sont mes derniers mots
Puisque il n'y a rien a ajouter
Puisque vient l'heure de rendre compte
Puisque les mots
Ne peuvent plus rien exprimer
Le seul amour
Est l'Amour de Dieu
Le seul amour
Est la fin de
Soi
Je l'ai fui
Renoncé
Crucifié
Ses mains ensanglantées
De Ténèbres
Imposent la Vérité
En négatif
En m'inclinant
Je te supplie
Le coeur broyé
Comme la cendre
Repousse la peur
Force ma main
Seigneur précipite
Le moment
Qui annule
Dans l'oubli
La Grâce que j'ai toujours gâchée
Qui rendra
À Ta Gloire
La Croix que je ne veux plus porter
Je ne crois pas au Salut, non
Je ne crois pas à la Résurrection
Je crois en un Dieu d'Obscurité
Consolante
Et Destructrice
Puisque ma voix se brise ici
Puisque il ne reste rien de moi
Que je n'ai brûlé publiquement
Sans amour-propre
Nu et sans rêves
Je meurs au monde
Le moment
Qui annule
Dans l'oubli
La Grâce que j'ai toujours gâchée
Qui rendra
À Ta Gloire
La Croix que je ne veux plus porter
Et je me tais.
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